Voie
Dès mon adolescence, je cherchais ma voie. J’étais alors animé par un besoin irrépressible de comprendre le mode de fonctionnement des choses. Je décortiquais les moindres détails d’une démonstration mathématique. Je recherchais ardemment le geste juste au lancer du marteau. J’utilisais en outre des techniques d’entraînement mental inspirées des spiritualités d’Orient.
Rencontre avec le taijiquan
En 1984, je rencontre le taijiquan. Je suis d’abord interpellé par la paix intérieure émanant des acteurs de ce ballet au ralenti. Quelques mois plus tard, mon professeur, d’un geste anodin et généreux, m’envoie à plusieurs mètres. Cette impression, d’avoir été soulevé et emporté par une vague, me fait entrevoir une utilisation du corps et une maîtrise du geste d’un autre ordre. Cette voie qui contient à la fois la promesse d’une sérénité contagieuse et la clé d’une efficacité économe m’appelle. Elle m’entrainera beaucoup plus loin que je ne l’avais imaginé. Quelques années sous la houlette de James Holland à Bruxelles m’assurent de bons fondements techniques. Il m’encourage en outre à enseigner. Puis vient le temps des voyages dans diverses capitales européennes pour découvrir différentes approches, styles et facettes. Mon petit groupe d’élèves croît.
Voie d’actualisation du potentiel
Avec Georgette Methens-Renard, nous fondons notre École en 1987. Peu après, nous organisons les premières rencontres européennes de taijiquan. Une dizaine de pays sont alors représentés. Nous souhaitons rendre compte de cet événement, c’est la sortie du News n°1 de l’IRAPH (Institut de Recherches pour l’Actualisation du Potentiel Humain) qui se transformera en Espace Taiji. Depuis le début, nous considérons le taijiquan comme un moyen pour mieux utiliser l’ensemble de nos ressources dans nos activités afin de nous épanouir. L’organisation de la deuxième rencontre européenne me met en contact avec Nin Qiu Xia, élève du légendaire Li Tian Xi. Ce maître, disciple de Sun Lu Tang, a créé de la forme des 24 postures.
Voyages à la source
Je décide d’aller m’abreuver à la source. Pendant ma quinzaine de séjours dans l’Empire du Milieu, j’établis une relation de plus en plus proche avec le Professeur Men Hui Feng. Cela m’amène à étudier et approfondir des dizaines d’enchaînements avec des ajustements au millimètre près. Les apports de celui qu’on surnomme en Chine « l’encyclopédie vivante des arts martiaux » sont multiples : recodification des formes anciennes, création d’une pédagogie structurée et structurante, établissement d’un système international de grade.
Transmettre la voie
Aujourd’hui, je réalise et accepte le poids de la charge que représente la réception d’un tel héritage. L’assimilation, l’incorporation, la reformulation, la transmission des cinq styles de taijiquan et des fondements des trois arts internes avec toutes les clefs au niveau du travail interne et des applications exigent plusieurs décennies d’un travail acharné. Je n’aurai jamais pu y arriver sans le soutien indéfectible des « dinosaures » et l’engagement remarquable dans le long terme d’une vingtaine d’enseignants.
La voie qui s’est ouverte à moi pour la ré-appropriation de ce riche patrimoine a été la collaboration avec diverses facultés universitaires, la recherche dans le domaine des « techniques de conscience du corps » et le transfert des principes en entreprises.
Espace Taiji
Les 100 numéros de notre revue ont fourni, créé un Espace privilégié de questionnement et de partage sur la manière de (faire) vivre les principes Taiji.
Édito revu Espace Taiji n° 100
Crédit photo : Almereca