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Les médecines en parallèle – Dirigé par Olivier Schmitz

Médecines parallèles : sont-elles des médecines au sens thérapeutiques ou des systèmes producteurs de sens ? Sont-elles la part manquante de la biomédecine ? Olivier Schmitz, socio-anthropologue, constate que malgré l’autorité dont jouit la biomédecine dans les sociétés occidentales, le recours à des médecines parallèles est de plus en plus fréquent. La dizaine de collègues chercheurs qu’il a réuni dans ce beau volume (Kartala; 2006) répondent à ces interrogations.

 Médecines parallèles - Olivier Schmitz

Les médecines parallèles en question

Il n’est pas nécessaire d’être un observateur assidu du monde social, pour constater qu’un grand nombre de nos concitoyens recourent à des méthodes de soins ayant peu en commun avec la biomédecine (…). Ainsi les usagers passent facilement d’une médecine à une autre, sans qu’ils perçoivent de contradiction dans leurs choix. Le recours généralisé à la biomédecine ne suffit donc pas à construire un système thérapeutique tout à fait satisfaisant p. 5.
Le premier constat qui s’impose est la diversité des qualificatifs utilisés indifféremment pour désigner ces médecines : « parallèles », « alternatives », « complémentaires », « douces », etc. p. 6.

Cette culture médicale alternative est largement éclectique, voire syncrétique (…) Les médecines différentes peuvent être envisagées comme un « fait social total » dans le sens où il touche toutes les dimensions de la vie en société : économique, religieuse, esthétique, idéologique, etc. p. 7.

L’entrée de ces méthodes de soins au sein de l’institution hospitalière, encore impensable il y a quelques années, semble montrer que la biomédecine est en voie de s’ouvrir progressivement à ces pratiques. Certaines passerelles sont indubitablement en train de se construire (…) Le problème réside probablement du côté de ceux qui cherchent à évaluer ces méthodes au regard des critères de la biomédecine (…) p. 8.

D’une médecine à l’autre

Les médecines parallèles se distinguent notamment de la biomédecine par une approche et une conception différentes du corps humain (…) L' »énergie », la « bioénergie », l' »énergie vitale » ou, encore, l' »énergie universelle » occupent une place centrale dans la conceptualisation de la plupart de ces pratiques (…) Il convient cependant de garder à l’esprit que cette « énergie » ne se laisse saisir qu’à travers le discours des thérapeutes qui disent la « voir », la sentir (…) pp. 9-10.

Autrement dit, ce qu’attendent les usagers de ces soins parallèles, ce n’est pas seulement la guérison de maux plus ou moins identifiés, c’est aussi la beauté, le bonheur et l’épanouissement spirituel p. 12.

Dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui, il est bien difficile de démêler les relations entre ces trois ensembles que sont la médecine populaire, les médecines parallèles et la biomédecine. En fin de compte, ces différents systèmes médicaux, qui font bien plus que cohabiter, se rencontrent dans tous les secteurs où s’exerce le soin p. 14.

Dans le contexte des nouvelles thérapies parallèles, les philosophies de santé orientales se taillent une part certaine p. 19.

Un dernier aspect qu’il paraît important de souligner (…) est la valorisation dont la « nature », sous toutes ses formes, est envisagée comme pourvoyeuse de santé et de bien-être p. 20.

Regard anthropologique sur la pratique du Qi Gong en France

Le Qi Gong est une discipline corporelle, originaire de Chine p. 207.

La médecine chinoise est consubstantielle à la philosophie taoïste. Selon cette dernière, le corps microcosme, serait un reflet du macrocosme : il existerait donc une interdépendance entre l’organisme et l’environnement p. 210.

Tout d’abord, l’aspect « exotique » du Qi Gong, d’origine et de culture chinoise participe à l’attrait que cette discipline semble exercer sur les Occidentaux p. 218.

Ces propos concourent donc autant à évoquer chez les pratiquants un monde imaginaire qu’à susciter leur intérêt pour une discipline qui puise sa légitimité dans son caractère traditionnel (…) plus les pratiques sont anciennes, traditionnelles, plus elles ont de chance d’être authentiques et profondes. La simple référence à leur ancienneté est en elle-même une source de légitimité (…) la référence constante à la tradition doit donc ici être prise en compte pour comprendre cette attirance qu’exerce le Qi Gong sur certains pratiquants occidentaux p. 219.

Finalement, Francis Zimmerman souligne la tendance au mercantilisme qui s’exerce autour de certaines médecines ou pratiques thérapeutiques d’origine ancestrale importées p. 220.

(…) l’enseignement et la pratique de cette discipline ont été adaptés au langage et au mode de vie de l’Occident. Il semble donc s’esquisser autour de la pratique du Qi Gong en Occident une situation de métissage p. 225.

Méthodes thérapeutiques autres

Ce volume sous la direction d’Olivier Schmitz aborde la ritualité et le symbolisme, la connaissance intuitive, les discours de légitimation, les rapports entre le corps, la conscience et l’esprit, la spiritualité, les liens avec la nature, etc. présents dans ces approches soignantes.

Retrouvez ce livre ici