Pratique de l’imaginaire de Martine Xiberras (Les Presses de l’Université de Laval, 2002) propose une lecture des travaux de recherche de Gilbert Durand sur l’imaginaire. Pour nombre de chercheurs en sciences de l’homme, les structures de l’imaginaire de Gilbert Durand représentant un modèle d’une extraordinaire richesse pour comprendre les individus et les sociétés. Martine Xiberras insiste, notamment, sur l’origine et la formation des images.
Introduction
L’oeuvre de Gilbert Durand se présente comme une tentative d’explorer l’imaginaire humain à travers les domaines du savoir p. 7.
(…) l’étude de l’imaginaire de Gilbert Durand apparaît comme un modèle incontournable pour la compréhension des collectivités et des individus. (…). Sa posture de recherche permet, en effet, de relier les imaginaires des individus et des collectivités. Gilbert Durand utilise l’expression « trajet anthropologique » pour mettre en contexte ces deux niveaux de l’imaginaire. De plus, il propose à la fois une théorie et une pratique de l’imaginaire. (…) Gilbert Durand a élaboré une classification générale des symboles et des archétypes, qu’il résume dans un tableau fort prisé par ses lecteurs pp. 8-9.
Ce tableau qui synthétise l’imaginaire à travers le régime diurne et le régime nocturne (…) le régime diurne renvoie à la lumière (…) aux diverses figures de la transcendance. Il est à noter que les représentations héroïques et positives du régime diurne trouvent leurs figures opposées dans le régime nocturne p. 10.
La réalité se construit dans, à travers et avec des images, des symboles et de mythes p. 11.
Fonctions épistémologiques
Gilbert Durand construit une logique de l’imaginaire qui lui permet d’en esquisser une « grammaire » (…) utilise la notion de coïncidentia oppositorum pour décrire cette logique particulière qui met en perspective une complicité d’éléments qui ne peuvent exister qu’ensemble, une pensée de la connivence des contraires p. 13.
L’épistémologie durandienne met en évidence cette logique contradictorielle pour lire le mythe (…) la pensée mythique repose plutôt sur la force répétitive de ses images (…) En plus de leur caractère répétitif, ces images réveillent les images primordiales que Gilbert Durand appelle les archétypes pp. 14-15.
L’individu analysé par le regard durandien est enfin perçu dans la pluralité de toutes ses dimension p. 16.
Un mythe peut se traduire d’une langue à l’autre parce qu’il est transpersonnel, transculturel et métalinguistique p. 19.
(…) pour Gilbert Durand, ce sont les découvertes de la physique moderne qui vont modifier les thèses sur la causalité linéaire p. 24.
De l’image à l’imaginaire
L’imaginaire constitue « ce carrefour anthropologique » qui permet de souligner la nécessité d’une démarche pluridisciplinaire p. 30.
Le symbole fait apparaître un sens secret, il est « l’épiphanie d’un mystère » p. 31.
Rien n’est jamais présent, tout est représenté. Cependant, c’est avec l’art, la philosophie, la religion que la conscience symbolique atteint son plus haut niveau de perfectionnement p. 32.
Le symbolisme se construit avec l’histoire des sociétés, il s’édifie sur les ruines des édifices précédents p. 35.
L’archétypologie
La notion d’images motrices est centrale. Elle permet de relier d’un côté, les gestes réflexologiques ou les schèmes et, de l’autre côté, les archétypes et les symboles p. 39.
Gilbert Durand propose la notion de « trajet anthropologique » pour désigner « cet incessant échange qui existe au niveau de l’imaginaire entre les pulsions subjectives et assimilatrices et les intimations objectives émanant du milieu cosmique et social » pp. 44-45.
Durand définit le mythe comme un système dynamique qui assemble les symboles, les archétypes et les schèmes pour composer un récit pp. 46-47.
Comme les continuateurs de Jung, Gilbert Durand propose d’appréhender le psychisme dans son aspect « tigré » ou moucheté d’une infinité de nuances, c’est-à-dire dans un pluralisme qui s’organise à partir de deux matrices diurne et nocturne de l’imagination p. 53.
Imaginaire collectif et imaginaire individuel
La réalisation d’une cité incarne dans la réalité le rêve de la cité idéale : les cités, les constructions de la société viennent capter et identifier la pulsion des archétypes dans la mémoire du groupe p. 143.
Le moi social est une seconde instance fondatrice d’images sociales approuvées qui vont s’incarner dans les rôles sociaux permis et gratifiés par la société. (…). Ce second niveau fondateur entraîne celui des substantifications comme l’attribution des rôles humains qui se théâtralisent p. 143.
Enfin, le surmoi collectif figure l’ensemble des rôles sociaux avouables p. 144.